Ce qu’on ne vous dit pas avant de rentrer au pays après 10 ans (ou plus) à l’étranger
Revenir vivre au Sénégal après plus de 10 ans à l’étranger, c’est bien plus qu’un changement d’adresse. C’est une aventure intérieure, un choc parfois doux-amer, et une reconstruction en profondeur. Voici ce qu’on ne vous a jamais dit — mais que vous méritez de savoir.
Aminata
8/6/20255 min temps de lecture


Personne ne vous prépare vraiment au choc du retour. Pas celui des premières semaines où tout sent bon le bissap et la réconciliation familiale mais celui qui débarque un peu plus tard, en douce, comme un invité imprévu qui vient squatter votre salon. Voici ce qu'on oublie toujours de mentionner… ou qu'on vous cache gentiment, pour ne pas vous faire fuir avant même de prendre l'avion.
1. Ils ne vous ont pas dit que vous seriez un étranger chez vous
Vous pensiez retrouver votre place naturellement. Logique : c’est "chez vous", non ? Et pourtant, entre les "prix toubab" qu'on vous propose à la boutique et les regards mi- amusés, mi- perplexes face à vos habitudes "trop occidentales", vous comprendrez vite que le retour, ce n’est pas une boucle bouclée — c’est un nouveau départ.
Le plus surprenant ? Ce n’est pas la rue qui vous jugera le plus, c’est votre propre entourage. Les petites remarques lancées l’air de rien "Tu fais vraiment l’Américain maintenant !" qui viennent vous chatouiller l’ego en douceur… ou pas.
Notre astuce : Prenez votre décalage avec humour. Faites-en une force. Et si on vous appelle "toubab", répondez "toubab localisé". Créez votre propre zone franche culturelle. Bonus : personne ne s’y attendra, donc personne ne saura comment vous contredire.
2. Ils ne vous ont pas dit que votre choix serait incompris
Rien ne vous prépare au regard des gens quand vous leur dites que vous êtes revenu pour de bon. Aussi c’est de voir à quel point les gens ici veulent fuir ce que toi, tu as choisi de retrouver, Les questions fisent: “Mais pourquoi t’as fait ça?”; “Tu veux pas m’aider à avoir un visa?”; “Tu connais pas quelqu’un à marier?”.
Pour eux, vous avez quitté ce que beaucoup considèrent encore comme le jackpot. Une vie ailleurs. Des opportunités. Le “rêve”. Et vous, avez tout laissé derrière. Volontairement. Donc forcément, vous devez avoir un plan caché. Ou une dette morale envers ceux qui “n’ont pas eu cette chance”.
Cependant, vous essayez de jongler les coupures d’eau, les lenteurs administratives, les attentes interminables, et cette question qui revient comme un refrain :
“Est-ce que j’ai vraiment fait le bon choix?”
Notre astuce : Répondez avec le sourire: "Chacun à son chemin. Le mien me ramène ici". Et pourtant, malgré tout… vous sentez sens un truc. Un début. Une vibration. Quelque chose de vivant, de brut, que vous aviez perdu ailleurs. C’est pas toujours fun, mais c’est réel.
3. Ils ne vous ont pas parlé du contrat social invisible.
Personne ne vous a tendu un contrat à la douane, mais vous avez signé quand même. Sans lire les petites lignes.
Vous devenez, malgré vous, une sorte de plan B pour pas mal de monde. Famille, amis, voisins. Les demandes tombent : un prêt, un coup de pouce, un parrainage, une connexion.
Mais ce sont surtout les attentes silencieuses qui coûtent cher. Vous passez voir Grand-Mère ? Il faut laisser “quelque chose”. Vous allez chez un oncle ? Un petit billet, pour “le transport”, ou “les enfants”. 2000f, 5000f, 10 000f… rien de méchant à l’unité, mais cumulé ? Ça pique.
Notre astuce : Instaurez un "budget émotions et transferts" et tenez-vous y. Et rappelez-vous que "non" n’est pas un gros mot. Un "Inshallah" bien placé ou un "Je vais voir ce que je peux faire" avec un regard vague fonctionnent à merveille dans 80% des cas. Pour les 20% restants ? Mode avion activé.
4. Ils ne vous ont pas préparé au poids du Soutoura.
Là-bas, vous étiez peut-être la personne cash, directe, transparente. Ici ? Attention. Dire les choses franchement, même gentiment, peut être perçu comme de la violence gratuite. On vous préférera subtil, nuancé, voire carrément muet , mais toujours avec le sourire.
Vous apprendrez que parfois, il vaut mieux tourner autour du pot, prendre le thé, reparler du pot, puis finir par laisser tomber le sujet. Et bizarrement, c’est efficace.
Notre astuce : Faites-vous un mentor local — une sorte de traducteur culturel en version humaine. Quelqu’un qui vous dira quand vous êtes à deux doigts de déclencher un séisme relationnel pour avoir dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et gardez cette phrase magique sous la main : "Je te le dis parce que je tiens à toi". Elle ouvre plus de portes qu’un badge diplomatique.
5. Ils ne vous ont pas parlé de la solitude du revenant.
Vous êtes revenu pour être entouré, et pourtant… il y aura des jours où vous vous sentirez comme Tom Hanks dans Seul au monde, sans Wilson pour discuter. Entouré, oui, mais pas forcément compris. Ce n’est pas que les gens ne vous aiment pas, c’est juste qu’ils ne parlent plus la même langue… parfois littéralement, souvent culturellement.
Vous apprendrez à modérer vos anecdotes, à ne pas parler trop vite de certaines idées, ou à ne pas comparer la CAF à la tontine locale — sauf si vous aimez les débats houleux.
Notre astuce : Trouvez votre petite tribu de revenants. Ces gens qui répondent "OUI !" avant même que vous ayez fini votre phrase. Et si vous ne les trouvez pas tout de suite ? Parlez à votre journal. Ou à votre miroir. Ou à votre chien. (Lui, au moins, ne juge pas.)
6. Ils ne vous ont pas dit que vous douteriez… avant de comprendre.
Vous faites face à un choc: les regards pesants, les attentes cachées, les non-dits, le mélange d’amour et de méfiance, et ce sentiment que vous avez parfois une cible sur le dos. Et les questions commencent: “Ai-je fait le bon choix ?”; “Suis-je vraiment chez moi ici ?”
Et c’est normal. Vous êtes humain. Pas un influenceur en mission divine. La nostalgie de votre ancienne vie viendra parfois vous taper sur l’épaule, surtout quand vous aurez besoin d’un service client fonctionnel. Mais restez assis. Ça passe.
Notre astuce : Tenez un carnet des petites victoires. "Aujourd’hui, j’ai réussi à faire une démarche administrative sans pleurer." Mettez y aussi les rires, les retrouvailles, les plats que vous ne trouviez nulle part ailleurs. Ça deviendra votre vaccin émotionnel les jours de doute.
7. Ils ne vous ont pas révélé que vous seriez un phare
Pendant que vous vous adaptez, doutez, galérez, vous ne saviez pas qu’on vous observe. Silencieusement. Avec espoir. Le cousin qui hésite. L’amie qui rêve mais n’ose pas. Le voisin qui vous écoute parler avec ses enfants. Ils vous voient. Et à travers vous, ils s’imaginent une autre vie possible.
Pas besoin de grands discours. votre courage suffit. Votre présence, votre chemin, vos choix… ça inspire. Un jour, quelqu’un viendra vous dire: “C’est en te voyant que j’ai su que c’était possible.”
Et là, tout prend un sens. Même les galères
Notre astuce : Pas vraiment besoin d'astuce ici, on ferait tous bien de prendre exemple sur vous.
Conclusion
Revenir, ce n’est pas une fin heureuse façon téléfilm de Noël. C’est une aventure, avec son lot de rebondissements, de crises existentielles et de fous rires imprévus. Ce qu’on ne vous dit pas, c’est que ce retour n’est pas un retour en arrière. C’est une version 2.0 de vous-même qui prend racine.
Oui, il y aura des moments de solitude, des incompréhensions, des ajustements. Mais il y aura aussi cette fierté sourde, cette paix étrange de se savoir à la bonne place, même quand c’est inconfortable.
Et puis un jour, sans trop savoir comment, vous réalisez: ce pays que vous avez redécouvert, vous y avez laissé une empreinte. Et il a laissé sa marque sur vous.
Et ça… personne ne vous l’avait dit.


Sénégal Calling: parce qu’on ne revient jamais par hasard
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Fait avec ❤️ entre deux coupures d’électricité, un peu de thé attaya, et beaucoup de vécu.