Acheter un terrain ou une maison au Sénégal : guide pratique du repérage à la signature

Découvrez toutes les étapes pour acheter un terrain ou une maison au Sénégal en toute sécurité. Checklist administrative, rôle des banques, notaires et documents clés pour éviter les mauvaises surprises.

Amina Tran Van

9/20/20254 min temps de lecture

a man sitting at a table using a laptop computer
a man sitting at a table using a laptop computer

Disclaimer: Ce guide ne remplace pas le travail d’un professionnel. Il est là pour vous aider à y voir plus clair avant de vous lancer, pas pour remplacer un notaire, un avocat ou un banquier.

Vous avez enfin repéré le terrain ou la maison de vos rêves. On imagine déjà les barbecues, les arbres fruitiers et le hamac… Mais avant d’envoyer l’argent, mieux vaut savoir dans quoi on s’engage. Acheter au Sénégal, c’est un peu comme monter un meuble Ikea sans notice: si vous sautez une étape, vous risquez de vous retrouver avec une pièce bancale… ou des vis en trop.

Si vous n’avez pas lu notre précédent article sur les acteurs clés (notaire, avocat, agent immobilier, banque…), je vous conseille de le faire, car ce sont les personnes qui vont sécuriser chaque étape de votre achat. Aujourd’hui, on part du principe que votre équipe est déjà en place, et on se concentre sur la checklist administrative et financière pour passer de l’envie à la signature sans mauvaise surprise.

Vérification du terrain ou de la maison
  • Titre foncier (TF): demandez un certificat de localisation récent et un état de droit réel.

  • Bail ou permis d’occuper: attention aux limitations et à la durée restante.

  • Numéro de lot: confirmez auprès du cadastre que c’est bien la parcelle que vous avez visitée (évite d’acheter celle du voisin par erreur).

  • Constructibilité et viabilité: routes, eau, électricité, permis de construire si nécessaire.

  • Projets d’infrastructure: une future autoroute ou ligne de TER peut changer la valeur… ou exiger une expropriation.

Checklist administrative
1. Vérifiez les servitudes (passage, canalisation, électricité).

Imaginez acheter un terrain… et découvrir qu’une ligne électrique traverse le milieu ou qu’un voisin a un droit légal de passage sur votre cour. Pas top. Votre notaire ou géomètre doit confirmer noir sur blanc l’absence de ces contraintes.

2. Confirmez la zone d’affectation à l’urbanisme.

Au Sénégal, chaque parcelle a une affectation précise: habitation, commerciale, agricole, parfois même réservée à un futur projet. Un terrain agricole ne deviendra pas villa, peu importe votre projet. Le service d’urbanisme communal vous donnera l’info exacte.

3. Exigez les originaux.

La photocopie “certifiée conforme” ne protège pas. Si le vendeur refuse, gros signal rouge.

4. Comparez chaque document avec le CNI (identification) du vendeur.

Entre homonymes très fréquents, héritages mal réglés et papiers encore au nom d’un défunt, le diable est dans le détail. Vérifiez l’orthographe, le numéro de la CNI, et assurez-vous que c’est bien la même personne qui signe.

5. Passez par votre notaire.

Petit rappel pour les nouveaux: le notaire au Sénégal est votre garde du corps juridique. Son rôle est de certifier, vérifier et sécuriser votre dossier. Prenez le vôtre, pas celui du vendeur, point final.

Étapes financières et bancaires : le rôle central du notaire

Acompte et paiements
Que ce soit pour l’acompte (souvent 5 à 10 % du prix) ou le règlement final, tout passe par… le notaire. Il dispose d’un compte séquestre dédié à ce type de transaction. Vous, en tant qu’acheteur, n’envoyez jamais d’argent directement au vendeur. Vous virez les fonds au notaire, et c’est lui qui se charge de tout : payer le vendeur, régler ses propres honoraires, et documenter chaque étape.

Pourquoi c’est essentiel
Le notaire devient en quelque sorte votre “banquier de confiance” dans la transaction : il garantit que l’argent est utilisé uniquement dans le cadre légal, qu’aucune somme ne s’évapore en chemin, et qu’au final, vous recevez vos clés sans mauvaise surprise.

Et après l’achat ?
Une fois le bien officiellement à votre nom, libre à vous de voir directement avec une banque si vous souhaitez financer des travaux ou une construction. Dans ce cas, le terrain ou la maison devient une garantie (“hypothèque”) pour le prêt. La banque vous demandera aussi une preuve de revenus pour vérifier que vous pouvez assumer le remboursement — autrement dit, il faut prouver que vous avez les moyens de vos ambitions. Contrairement aux États-Unis où l’on parle de “mortgage”, ici ce sont plutôt des crédits classiques appuyés sur la valeur de votre bien.

Red flags à fuir
  • Un vendeur qui insiste pour un virement sur son compte perso.

  • Une pression pour payer “cash, tout de suite, aujourd’hui”.

  • Des “frais bancaires” inventés de toutes pièces et imposés en dehors du notaire.

Vérifications finales avant signature
  • Documents à jour. Au Sénégal, les registres ne sont pas centralisés: exigez des papiers récents (moins de 3 mois) et cohérents.

  • Plan vs terrain réel. Faites confirmer par un géomètre que la parcelle visitée correspond bien au plan officiel.

  • État de droit réel. Ce document de l’Impôt et Domaine prouve que le bien est libre de dettes, litiges ou hypothèques.

  • Succession ou copropriété. Tous les héritiers ou copropriétaires doivent signer. Si c’est complexe, prenez un avocat spécialisé.


Signaux rouges
  • Documents originaux absents ou contradictoires.

  • Prix nettement inférieur au marché.

  • Plusieurs ventes récentes du même bien.

  • Pression pour utiliser un notaire ou une banque imposés par le vendeur.

Acheter au Sénégal demande méthode, patience et un minimum de flair. La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas à tout porter sur vos épaules : le notaire est là pour centraliser, sécuriser et documenter chaque étape, de l’acompte jusqu’à la remise des clés. Avec cette checklist, vous savez désormais quoi demander, quoi vérifier et à qui vous adresser pour éviter les mauvaises surprises. Et si vous voulez creuser le rôle de chacun dans cette aventure (notaire, géomètre, mairie…), jetez un œil à notre précédent article sur les acteurs clés.

Prochaine étape? On ne s’arrête pas à la signature. Dans le dernier volet de cette série, on parlera de comment construire et protéger votre investissement, de la phase chantier jusqu’à la gestion des litiges, pour que votre projet ne parte pas en poussière (ou en palabres) et reste exactement comme vous l’aviez rêvé.


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